Jobs vs Gates : la rencontre improbable !

La rencontre improbable des deux compères puis énemis du monde de l’ordinateur. Ci dessous une vidéos de moments choisis. Pour regarder l’intégralité voir les liens ci dessous :

Ci dessous la transcription de la rencontre en français dans le texte ! (source eComs Consulting )

Steve : Ce que Bill a réalisé d’extraordinaire, c’est de construire la première industrie consacrée au logiciel, même avant que le logiciel ne soit un business. C’est le premier a avoir mis le software avant tout.

Bill : Steve a su développer l’idée de l’informatique en tant que produit de masse, vendu pour tout public, un ordinateur qu’on conçoit en ayant soi même envie de l’utiliser. Le premier Mac était une avancée immense, toujours trouver ce qui va être la prochaine génération et la développer avec élégance.

Steve : Apple a commencé a travailler avec Microsoft pour intégrer un Basic gérant les nombres à virgule. Steve Wozniak, qui était un génie, avait écrit un Basic complet d’une seule traite, en écrivant le code sur un petit cahier. C’était un excellent basic. Mais ce Basic ne gérait que les nombres entiers. Et pour une raison qui m’échappe, il n’a jamais voulu le modifier pour intégrer des nombres à virgule. Et c’est pourquoi nous avons fait appel à Microsoft pour nous aider, car ils avaient un basic très populaire à cette époque.

Bill : Notre travail le plus “fun” était la préparation de la sortie du premier Macintosh. Nous avons vraiment parié une partie de la société sur le succès du mac et de son interface graphique.

Steve : A l’époque, Microsoft n’avait pas une grande place, Lotus était le leader des applications “business”.

Bill : C’est exact, nous venions juste de sortir “Multiplan”, notre premier tableur. Mais Mitch (Kapor) avait fait un boulot incroyable avec Lotus 1-2-3. Et notre question à l’époque était : comment rentrer sur ce marché ?

Journaliste : Car toutes vos applis étaient sous Dos à l’époque ?

Bill : Oui, en mode texte. C’est pourquoi nous avons fait à l’époque le pari que notre “salut” viendrait des interfaces graphiques, et que nous allions tout miser dessus.

Steve : Nous avons conçu le Mac nous même, mais Bill et son équipe ont fait un super boulot.

Bill : Je me souviens de la sortie officielle d’Excel, avec Steve, à New York. C’était fun. Mais nous sentions qu’Apple ne faisait pas suffisament la différence par rapport à la plateforme de “plus haut volume”.

Journaliste : Windows ?

Bill : DOS et Windows, qui démarra vraiment en 95. Mais le débat n’était pas “Mac contre Windows”. Le vrai débat c’était “interface texte contre interface graphique”. Et nous avions une grande carte à jouer avec l’évolution matérielle des PC, les processeurs 386, une plus grande mémoire… Et le Mac n’a pas évolué dans une bonne direction après le premier modèle, et le départ de Steve.

Bill : Dans les années 90, nous avions commencé a négocier avec Gil Amelio pour nous impliquer dans Apple. Et un jour Steve m’a appelé en me disant “Maintenant, vous ne parlez plus qu’avec moi”. Et je me suis dit “wow!”

Bill : Windows 95 a été vraiment la grande étape, celle qui a clot les débats sur la survie des interfaces textes. On parvenait a une réelle maturité, matérielle et logicielle.

Steve : A mon retour chez Apple en 97, la société allait très mal. Il fallait stopper la mentalité “pour qu’Apple gagne, il faut que Microsoft perde”. Il fallait être réaliste : Apple n’allait plus jamais gagner contre Microsoft. Et Apple en avait oublié ce que la société était vraiment, à la base.

Il était donc important pour moi de casser cette logique. C’est pourquoi j’ai appelé Bill, et que nous discutions de l’implication de Microsoft dans Apple.

Bill : Depuis cette période, nous avons une équipe dédiée au développement pour Mac, et une relation très particulière avec Apple.

Journaliste : Mais vous restez concurrents sur tout un tas de marchés, non ?

Bill : Pour le Zune par exemple, nous sommes compétiteurs, mais nous surfons sur le gigantesque marché créé de toutes pièces par Apple.

Journaliste : Il parait que Microsoft est un très gros client en Mac pour le développement de la XBox360 ?

Bill : Oui, car la XBox360 utilise un processeur qui était celui des anciens Mac. C’est d’ailleurs ironique de voir que le Mac est passé à Intel alors que nous passion de notre côté à Motorola.

Steve : Le succès de l’iPod, c’est le logiciel. Il y avait toutes ces sociétés japonaises qui sortaient des produits de très bonne qualité, mais sans le logiciel approprié dessus. C’est comme le Mac, c’est OS X. La “boîte” est belle, mais on utilise un Mac pour son logiciel. Et ça sera pareil pour l’iPhone.

Et le grand “secret” d’Apple, c’est que nous nous voyons comme une société faisant du logiciel.


Journaliste : si Apple dit être essentiellement une compagnie faisant “du logiciel”, et que Microsoft se met a faire du hardware (Zune, XBox…), est ce que les deux compagnies ne convergent pas petit à petit ?

Steve : Alan Kay a dit “Les gens qui aiment faire du software doivent faire leur propre hardware”

Bill : Nous, nous faisons le choix de la variété. Pour les téléphones, où il existe déjà des tas de hardware différents existants, même si nous pourrions avoir aussi notre propre hardware, nous préférons mettre la priorité sur des partenariats avec les acteurs existants du marché.

Apple est un écosystème où ils font un super matériel super adapté à leur logiciel. Et nous faisons parfois celà, mais dans des cas bien particuliers, comme le prototype de “table” dynamique.

Steve : Ce problème est intéressant, et il est différent sur le marché pro et sur le marché grand public. Pour le grand public, hormis le cas des PC, il est difficile de trouver un secteur où hardware et software fonctionnent bien tout en étant conçus séparément. Ca commence peut être un peu pour les téléphones, mais celà n’est pas très clair.

Et nous y travaillons beaucoup car c’est un grand enjeu pour l’avenir. Dans certains cas, il vaudra mieux disjoindre, dans d’autres, il vaut mieux tout faire ensemble. Dans l’exemple des lecteurs MP3, il vaut mieux tout faire ensemble.

Steve (à propos du passé) : Il y a plein de choses que j’aurai pu faire autrement, si je regarde en arrière. Mais je préfère regarder devant moi et réfléchir a inventer le futur.

Le marché actuel est vraiment très sain. Il y a plein de nouveaux projets et de startups, beaucoup d’activité et de créativité.

Bill (à propos de la possible désuétude des ordinateurs personnels par rapport à Internet) : Il y a 5 ans, on prédisait l’avenir a un ordinateur uniquement dédié au Net, les “Network Computer” présentés par Larry Allison. On arrive aujourd’hui à une structure où l’application “locale” joue un grand rôle. Avec l’exploitation de la parole, de la vidéo, le tout est d’arriver a exploiter des données distantes avec des applications locales.

Quand on utilise une TV ou de l’informatique embarquée dans une voiture, on peut imaginer un applicatif très allégé. Mais sur un vrai écran, nous continuons a croire à un applicatif situé sur le poste client.

Steve : J’adore Google Maps. Quand nous avons voulu l’intégrer à l’iPhone, Google a commencé par nous fournir des API complètes sur lesquelles se greffer, sur le schéma du Google Maps habituel, dans un Browser. Mais nous avons fini par réécrire complètement le client localement, en ne faisant transiter que les données par le réseau. Et notre logiciel a stupéfait les gens de chez Google, ça dépassait tous les autres clients GoogleMap, même sur un ordinateur. Et on ne peut pas faire ça dans un browser.

Beaucoup de gens s’acharnent à faire tourner de plus en plus de choses sur un browser, avec de l’interactivité, que l’on soit connecté ou non. Mais les choses arrivent lentement, et un client riche “classique” permet de faire le plus de choses, d’autant plus que le hardware permet maintenant d’embarquer des clients riches avec un coût limité sur tous types de supports.

Bill : D’un point de vue de l’architecture, que laisser sur le client, et quoi déporter sur le réseau ? Qu’il s’agisse d’un petit ou d’un grand écran, au final, le client riche permet de meilleurs temps de réactivité, et c’est souvent ce qui finalement fait pencher dans la balance le client riche.

Bill : Le Tablet PC, c’est comme Windows en 1992. Tout reste encore à découvrir. Je crois à ce concept, qui est complémentaire d’un téléphone qui lui a pour vocation d’être dans une poche. Mais la tablette est un concept naturel, comme la voix ou l’encre.

A la maison, j’imagine que chaque surface, horizontale ou verticale, puisse devenir une projection de données que vous pourrez manipuler naturellement, pour les loisirs ou pour un “bureau à domicile”.

Steve : Le concept de PC a résisté au travers des années, bien qu’on ai prédit plus d’une fois sa mort. Je crois que le PC va continuer, tout en devenant plus mobile ou plus intégré à un bureau. Mais l’on va voir en parallèle l’explosion de périphériques “post-PC”. Des périphériques qui ne sont pas “généralistes”, mais dédiés à une fonction, comme un iPod ou un téléphone.

L’iPhone, d’un point de vue matériel, est un ordinateur complet. Mais qu’importe ? Ce qui compte c’est : qu’est ce que c’est, qu’allez vous en faire ?

Bill : On ne peut pas vraiment dire qu’est ce qu’intégrera un téléphone dans l’avenir. Dans l’absolu, on pourrait presque tout faire. Ce qui limite, c’est la taille de l’écran. Si un jour on avait un écran que l’on pourrait enrouler ou plier, cela changerait beaucoup de choses. La projection est aussi une autre piste. Nous avons des gens à Microsoft qui travaillent là dessus, mais rien avant l’horizon 5 ans.

Steve : Je ne saurai prédire ce que seront les assistants de poche dans 5 ans. Et je dis ça parce que, il y a 5 ans, je n’aurai pas su dire qu’on aurait des téléphones intégrant des cartes routières. Mais un jour, ce genre d’appli devient populaire, les gens l’utilisent, et vous êtes amené à vouloir l’adapter.

Les gens inventent constamment des trucs, et tout l’art est de faire le tri de ce qui sera sur ces périphériques ou pas. Mais l’axe principal reste la communication.

Steve : (à propos des communautés, wikis…) : Nous sommes en train de travailler sur des projets sur lesquels je ne peux rien dire pour l’instant. Il y a des millions de trucs super sur le net, ces nouveaux services que les gens utilisent. Une bonne partie de ces services servent à traverser
sa vie d’une manière plus efficace. C’est vraiment super quand on montre quelque chose à quelqu’un et qu’on n’a pas besoin de le convaincre pour qu’il comprenne que ce service va résoudre un de ses problèmes.

Steve : .Mac n’a pas assez été développé, nous allons rattraper le temps perdu dans l’avenir.


Bill (à propos des sociétés du Web) : Il y a toujours plein de choses qui viennent d’autres compagnies, et vous voulez être en position d’en bénéficier ; ces évolutions conduisent les évolutions de Windows et des ordinateurs personnels, et nous voulons jouer un rôle actifs dans ces nouveaux services. Nous allons participer d’une manière plus importante aux outils de recherche qu’auparavant.

Imaginez tout ce que l’on peut faire par exemple dans le monde de l’éducation maintenant que l’on peut gérer des flux en temps réel de vidéo, ce genre de choses. Lorsque nous concevons de nouvelles technologies, le milieu éducatif finit toujours par en bénéficier.

Steve : De notre côté, nous ne cherchons pas à faire tout ça, car nous croyons qu’une seule compagnie ne peut pas tout faire. Nous cherchons à faire des partenariats. Microsoft est peut être bon pour les moteurs de recherche, mais pas nous. Nous préférons donc nous associer plutôt que de nous obstiner à devenir les meilleurs dans le domaine de la recherche.

C’est la même chose pour les gestions de cartes (map) : nous savons comment écrire le meilleur logiciel au monde pour lire les cartes, mais nous ne savons pas gérer la base de données derrière.

Par contre, dans d’autres cas, nous devons faire le travail. A l’époque où nous avons lancé iTunes par exemple, il n’y avait pas à l’époque de logiciel de ce genre de bonne qualité. Nous avons donc dû le faire nous même, même si c’était assez éloigné de notre métier de départ.

Bill : Le grand truc est que nous travaillons par rapport à Internet. Et Internet amène à travailler sur des interactivités extrêmement poussées, les communautés de joueurs sur XBox Live par exemple.

Nous travaillons donc à ce genre d’applications dans le domaine des spectacles, des sports. Mais dans le divertissement pur, nous ne sommes pas dans notre domaine. Nous avons fait le jeu “Halo”, mais nous ne pouvons pas rattraper les 10 ans d’investissement qu’il faudrait pour savoir vraiment faire des jeux vidéo.

Nous n’en sommes qu’au niveau de l’interopérabilité, entre ordinateurs, malheureusement pas encore trop au niveau de la télévision qui reste peu connectée, mais les choses évoluent, avec la télévision sur IP et la XBox qui amènent la collectivité dans son salon.

Steve : Les gens veulent bénéficier de ces médias quand ils le veulent et sur le périphérique de leur choix. C’est ce qui va conduire ces compagnies dans des business models très divers. Et c’est une bonne chose, même si les transitions sont parfois difficiles.

L’industrie de la musique a dû prendre le virage d’Internet très rapidement. Ils ont fait des erreurs, pris des fausses pistes, mais ils le font.

Hollywood a regardé ce qui s’était passé dans le milieu de la musique, et ils en ont retenu des leçons. Il reste beaucoup à faire dans ce domaine, mais ça va devenir quelque chose de très bon pour le consommateur.

Bill (à propos des interfaces utilisateur) : Ca fait longtemps qu’on expérimente autour des interfaces 3D. Mais l’on commence juste à avoir une qualité graphique suffisante pour avoir des choses concrètes dans les interfaces. Dans un magasin en ligne de livres, on pourra voir les livres comme s’ils étaient rangés dans des linéaires.

Au delà de la prouesse graphique, la 3D est un moyen d’organiser les choses, une solution lorsqu’il y a beaucoup de données à afficher.

Le logiciel va aussi se mettre à nous voir. Imaginez que vous puissiez saisir votre raquette de Tennis et simplement jouer devant votre écran.

Journaliste : On peut déjà faire ça avec la Wii, non ?

Bill : Non, je ne parle pas d’un joystick, mais de saisir votre vraie raquette et de simplement jouer. De la reconnaissance vidéo. Et ça peut avoir des conséquences dans une vidéo conférence, par exemple. Tout ceci nécessite simplement une webcam et un software évolué, ce qui aménera à une solution très peu onéreuse.

Le toucher, l’encre, la parole, la vision, toutes ses choses arrivent, mais pas d’une manière radicale. On a l’impression que l’interface d’un ordinateur évolue peu, mais c’est parce que vous vivez cette évolution année après année. Imaginez que vous reveniez après 10 ans sans vous y intéresser, et vous seriez impressionnés.

Journaliste : Steve, vous ne parlez pas de vos plans secrets, alors que Bill nous dit tout !

Steve : Oui, je sais, ce n’est pas juste. Mais au delà de ça, je crois que la vraie question est très simple : quelle partie de cette révolution dans les 5 ans a venir va se faire sur des ordinateurs, et quelle partie va se focaliser sur des engins de type “Post-PC”. Et il y a une vraie tentation de se focaliser sur ces “Post PC” parce que c’est un terrain vierge et qu’il n’y a pas à gérer des millions d’applications déjà en place pour des marchés déjà bien en place.

Bon, du coup, quoi faire avec les PC ? Je suis sûr que des gens chez Microsoft et chez nous travaillons sur des trucs vraiment bons, mais qui doivent être tempérés car nous avons des dizaines de millions, ou des centaines de millions pour Bill, d’utilisateurs qui ont leurs habitudes. Ils ne veulent pas une voiture à 6 roues, ou conduire avec un joystick.

Journaliste : Une question plus personnelle : dans votre relation, qu’est ce qui a été de l’incompréhension, ou de lalutte ?

Steve : Nous gardons notre mariage secret depuis maintenant plus de 10 ans !

Bill : Je ne crois pas que aucun de nous deux n’aie à se plaindre. Ces projets, comme le Mac, étaient vraiment incroyables, un moment où nous avons pris un risque. C’était une période fun.

L’industrie aime les trucs neufs, le paradigme qui dit qu’une compagnie qui a eu du succès va ensuite disparaître, ce genre de choses. C’est bien d’avoir des gens qui ont vu passer des vagues et des vagues, et qui, quand ils le faut, savent prendre des risques vers quelque chose de neuf.

Steve : Quand Bill et moi avons commencé à travailler ensemble, nous étions toujours les gens les plus jeunes dans une pièce. Et maintenant, nous sommes quasiment toujours les plus vieux. Et j’aime en être là.

Je crois que la plupart des choses dans la vie trouvent une image dans une chanson de Dylan ou des Beatles. “Toi et moi avons une avons des souvenirs plus grands que la route qui s’étend devant nous”.

Journaliste : Belle conclusion.

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