Si on devait faire une liste des films sur les photographes, « Le Bang Bang Club » serait un incontournable. Il retrace l’histoire réelle de quatre photographes, réunit dans le « Bang Bang Club », qui couvrent les derniers jours de l’Apartheid en Afrique du Sud et les combats qui font rage dans les Townships. Le but de ces quatre photographes, réaliser la photo la plus révélatrice du contexte de l’époque.
La question de rôle du photographe
La question existentielle que pose se film, est la question qui se pose pour tous les photographes en zone de conflit et même à tout photographe : qu’est-ce que l’on peut montrer et qu’est-ce que l’on ne peut pas montrer au nom de nécessité d’informer.
De ce « Bang Bang Club » émergeront deux photos qui ont reçu le prix Polizer, celle de Greg Marinovich sur le meurtre de Lindsaye Tsabalala et la très célèbre de « La Fillette et du vautour » de Kevin Carter.
Des deux photos, c’est la photo de Kevin Carter qui fit polémique : le dilemme entre la nécessité de montrer la famine au Soudan et la décence qui nous demande de poser l’appareil et d’aider cet enfant. Les critiques les plus virulentes, notaient que les plus charognard des deux n’était pas le vautour, mais le photographe.
Jusqu’où peut aller la photo pour monter la réalité ? A cette question, il n’existe pas de réponse simple et tranchée. Chacun, avec sa sensibilité, son vécu, son éducation aura son avis. Mais dans cette photo, pour moi, il y a tout : le corps chétif de l’enfant, sa souffrance, la peur pour son avenir, la mort qui rode par le cynisme du vautour qui attend.
En 2011, une enquête du journaliste Alberto Rojas d’El Mundo révèlera que cette fillette est en réalité un garçon. Il survivra à la famine, mais succombera du paludisme 14 ans plus tard en 2007. Le photographe ne pouvait rien faire de plus à ce moment pour aider cet enfant qui était en réalité à quelques mètres de sa famille qui faisait la queue pour obtenir une ration alimentaire distribuée par Médecins du monde.
Kevin Carter, couvert de dette, rongé par toutes les images horreur qui aura vue dans sa carrière, sa dépression et son addiction à un sédatif, se donnera la mort en juillet 1994 ( comme le montre le film).
Le film
Pour ce qui est du film en lui-même, ce n’est pas forcément un chef-d’œuvre du 7ème art. Vous devrez supporter la « love story » un peu niaise entre Greg Marinovich et la rédactrice en chef du journal local. Je n’ai pas été non plus boulversé par les jeux d’acteurs.
En revanche c’est bien le fond du film qui ma marqué, cette immersion dans la fin de l’Apartheid et la violence du conflit, le métier de photographe dans ces contextes difficiles et la limite entre informer et un voyeurisme déplacé. Si vous vous intéressez à la photographie, c’est un film à voir !
Si le sujet de la photographie vous intéresse, dans le même thème, je vous conseille également le très dur, mais très beau film « Camille » sur la vie de Camille Lepage. En plus léger vous pouvez également voir « Kodakchrome » disponible sur Netflix et bien sûr le célèbre « La Vie rêvée de Walter Mitty«
Si vous avez d’autres films à me conseiller sur le thème de la photo et des photographes, je suis preneur. N’hésitez pas à me laisser vos suggestions en commentaire.